La DSI n'est plus une fonction support, elle est devenue stratégique
Fini l'époque des "Guys in the room"
Bienvenue dans cette nouvelle édition de Transformations. 👋
Cette semaine, on va parler du métier de DSI. Avec la digitalisation de nos quotidiens, le métier a bien changé ces dernières années, et ce métier historiquement support voit ses préoccupations évoluer vers des sujets à plus forte valeur ajoutée.
Même si ça commence à dater, je me souviens plutôt bien de ma première journée de travail. L’appréhension mêlée à l’excitation, la découverte d’un nouveau monde en dehors des études, fournir un travail en échange d’un salaire, les responsabilités qui en découlent. Bien sûr, j’avais fait des stages, mais là “c’est pour de vrai” comme disent mes filles.
Parmi les souvenirs que j’ai de cette journée, il y a celui du moment où je suis passé devant un grand bureau sombre…
“Ici c’est les gars de la DSI. Si t’as un problème avec ton PC, tu vas les voir … enfin tu crées un ticket sur l’ordi posé là, sur le bureau… si tu leur parles directement, ils ne te répondront pas.”
Ma mémoire a évidemment grossi le trait avec le temps, mais l’idée est là. Il y a encore quelques années, la Direction des Systèmes d’Information était vue comme une bande de geeks dans un bureau sombre, qui devaient faire en sorte que les imprimantes fonctionnent et que l’ERP ne bug pas trop.
Heureusement, en 2024, le métier a changé. Le monde se digitalise et la DSI devient de plus en plus une direction stratégique.
Les préoccupations actuelles des DSI
Lorsque l’on parcourt les études sur les directions SI en France, on constate que leur principale préoccupation est aujourd’hui la cybersécurité. Ce n’est pas surprenant. Avec la digitalisation à pas forcé des entreprises, beaucoup ont fait les choses rapidement, parfois trop rapidement, sans prendre le temps de se poser toutes les questions. Le contexte géopolitique tendu ne vient pas aider la situation.
Dans son bilan 20221, Numéum relevait que 62% des DSI classent la sécurité du système d’information comme un enjeu “très important”. Une étude OpinionWay commandée par la CCI France2 fait le même constat avec, suivant l’industrie, 67% à 78% des entreprises qui se disent inquiètent devant le risque cyber.
Mais les chiffres qui m’intéressent aujourd’hui, ce sont les préoccupations qui viennent juste après. D’après Numéum, les principaux objectifs IT sont également l’analyse des données (49%) et l’amélioration de l’expérience client (43%). Pour OpinionWay, les gros enjeux numériques sont le développement de solutions pour la transformation digitale et la recherche des bons business models.
D’un centre de coûts à un maximiseur de profits
Ci ces enjeux sont intéressants, c’est parce qu’ils sont stratégiques.
L’analyse de données n’est pas anodine. Les DSI ont des compétences dans la structuration, l’analyse et la modélisation des données. Si la BI3 n’est pas une discipline nouvelle, à l’heure du SaaS et de la Big Data, la récolte de données est de plus en plus pertinente et utile au pilotage des entreprises. Ça ne va pas s’arrêter avec l’IA et ses modèles probabilistes.
L’amélioration de l’expérience client est aussi un levier de développement pour lequel les DSI ont leur pierre à apporter. Selon Guilhem Senegas, CIO et Head of transformation d'Electrolux Professionnal, il est d’ailleurs important que cette direction travaille main dans la main avec les équipes marketing pour co-construire des solutions adaptées aux clients4.
Les missions des DSI s’orientent de plus en plus vers la stratégie. Une étude du MIT5 montre que depuis 2007, la répartition des missions sur lesquelles les tech leaders allouent leur temps a évolué.
Aujourd’hui, les CTO/CDO passent 2 fois plus de temps sur des missions complémentaires, souvent liés à l’innovation ou la RSE. Point assez notable, dans les entreprises les plus innovantes, les directeur·ices techniques passent en moyenne 20% de leur temps en contact direct des clients ou partenaires. On est loin des guys in the room6.
En 2024, quel rapport à la gouvernance ?
Si vous suivez ce blog régulièrement, vous vous souvenez peut-être que je viens de terminer un Executive MBA. J’ai été surpris de ne pas voir de DSI dans la promo. Ma propre expérience n’est pas un échantillon représentatif, mais parmi toutes les directrices et les directeurs que j’ai pu y croiser, personne ne pilotait la direction informatique de son entreprise.
On l’a vu, les tech leaders passent de plus en plus de temps sur des missions stratégiques. À l’heure où les dirigeants ont compris l’importance d’intégrer la transformation digitale dans leurs business model7, la montée en compétences des DSI sur des savoirs qui incombent aux ComEx/CoDir (et leur présence dans ces instances) devient de plus en plus un facteur clé de succès pour l’innovation.
Merci d’avoir lu cet article. Si vous l’avez aimé, parlez-en, partagez-le ou transférez-le à quelqu’un que ça peut intéresser. C’est le meilleur soutien que vous puissiez m’apporter.
Pour ne pas louper les suivants, inscrivez-vous !
Vous pouvez aussi me suivre sur Linkedin pour une actualité plus fraiche.
Accompagner les entreprises dans leur transformation digitale, c’est mon métier. Vous voulez échanger sur ce sujet et la façon dont ça impacte votre métier ? Contactez-moi pour en discuter.
Ah ! Et aussi… Les éditions précédentes sont évidemment disponibles.
Business Intelligence, ou informatique décisionnelle dans la langue de Molière